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« Promenade à Hébron »
Juillet 18 2023
« Promenade à Hébron »
Rosita Lomas
Cette expérience SST a été mémorable du début à la fin. L'une des expériences qui me revient sans cesse en mémoire est celle de ma promenade dans Hébron et de ma rencontre avec les bénévoles des Équipes Communautaires de Paix (ECP).
Une promenade à Hébron a été l'une des premières fois où j'ai ressenti profondément la réalité du conflit. Hébron se trouve en Cisjordanie et abrite des colonies israéliennes. Avant 1997, la zone d'Hébron était contrôlée par Israël, mais le 17 janvier, le Protocole d'Hébron a été signé. Cet accord divisait Hébron en deux zones : H1, sous contrôle palestinien, et H2, sous contrôle israélien. Les points de contrôle sont fréquents dans les rues, ainsi que dans les marchés où les commerçants palestiniens nous criaient dessus pour nous inciter à acheter ; ils semblaient désespérés, car ils recevaient peu de visiteurs. Tout cela était très différent des autres villes que nous avons visitées.
En entrant dans la rue Shuhada, nous avons été confrontés à plusieurs soldats. L'un d'eux a demandé à voir nos passeports. Il les a examinés, puis a jeté un coup d'œil à nos visages. Le soldat était aimable et semblait heureux, ce qui ne convenait pas au décor où nous allions entrer. Nous avons tous été autorisés à partir et avons continué notre marche.
Après le massacre de 1994 commis par l'Israélo-Américain Baruch Goldstein au Tombeau des Patriarches/Mosquée Ibrahimi, Israël a restreint les déplacements de la population palestinienne dans le quartier. Shuhada était l'une des rues où le gouvernement israélien a fermé des maisons et des commerces, imposé un couvre-feu aux résidents restants et interdit l'accès aux véhicules immatriculés en Palestine.
La première chose que j'ai remarquée à Shuhada, c'est qu'il n'y avait personne. C'était vide. À l'exception des quelques soldats armés à chaque coin de rue, nous étions les seuls à traverser la rue, accompagnés de notre guide. J'avais l'impression d'être dans un lieu dénué de vie. J'ai senti la peur flotter dans l'air et j'étais tenté d'écouter l'histoire de ce lieu. Je ne sais pas si tout le monde ressentait la même chose, mais nous étions tous très silencieux pendant que nous admirions le site.
En marchant, j'ai jeté un coup d'œil à toutes les maisons, portes closes et verrouillées par des chaînes et des cadenas. Je ne m'attendais pas à entendre que des gens habitent encore dans certaines maisons, même s'ils ne sont pas autorisés à sortir par la porte d'entrée ; ils doivent donc ramper par les fenêtres de derrière pour se procurer les provisions nécessaires. À cette constatation, mon sentiment a basculé et je me suis senti coupable de marcher librement dans une rue où tant de personnes n'étaient pas autorisées à entrer.
En continuant notre chemin, nous avons aperçu un panneau indiquant « Les commerces fermés de la rue King David ». Des pancartes accrochées aux murs mentionnaient qu'en 2000, des djihadistes arabes avaient attaqué des résidents juifs et que, de ce fait, les magasins de la rue avaient été fermés par l'armée israélienne pour des raisons de sécurité. Les descriptions des panneaux que nous avons croisés ne correspondaient pas à celles de notre guide : par exemple, ils indiquaient que les commerçants avaient été payés et relogés dans des locaux plus convenables, ce qui, selon notre guide, n'avait jamais eu lieu. Il n'y avait également aucune description de la situation actuelle, rien sur les Palestiniens vivant encore dans les rues ni sur les restrictions de circulation imposées par l'armée israélienne.
Nous avons terminé notre promenade à Hébron avec des bénévoles d'une Équipe Communautaire de Paix (CPT), une organisation qui soutient les habitants par la résistance non violente contre l'occupation israélienne. Avec l'aide de bénévoles internationaux et locaux, la CPT s'efforce de documenter et de contester l'oppression à Hébron, notamment en accompagnant les enfants palestiniens à l'école lorsqu'ils franchissent les multiples points de contrôle militaires. On nous a dit que des gaz lacrymogènes étaient parfois lancés sur les enfants sans raison aux points de contrôle, et on nous a montré une vidéo d'un incident récent. C'était difficile à digérer pour moi, car je ne pouvais pas imaginer être si petite et devoir affronter des gens tous les jours avec des armes et des gaz lacrymogènes. J'ai pensé à mon petit frère et à l'inquiétude que je ressentirais s'il devait vivre cela tous les jours. J'ai pensé aux petits enfants d'Hébron, à leur quotidien, à ne pas pouvoir être des enfants. Ils s'inquiètent constamment de savoir comment ils vont arriver à l'école, incertains de ce qui les attend.
Ces expériences ont changé ma perception de la Terre Sainte, car je n'avais jamais été témoin d'autant d'injustice dans un pays pourtant censé apporter la paix. Dès que j'ai entendu parler de ces enfants, j'ai voulu raconter ce qui s'y passe. Je sais que si davantage de personnes étaient au courant, davantage de personnes seraient prêtes à apporter leur aide. De retour chez moi, j'ai immédiatement raconté à ma famille ce que j'avais vu et entendu. J'espère que davantage de personnes auront la chance de vivre ce que j'ai vécu afin de sensibiliser le public.
Consultez le site Web du CPT pour plus d’informations : https://cpt.org/programs/palestine.


